Peinture No 215 – Requiem pro perditis animis (Requiem pour les âmes perdues)

Peinture No 215 - Requiem pro perditis animis-Requiem pour les âmes perdues - Acrylique, pigments, terre, métal, tissus, feuilles d’or jaune et blanc sur toile - 150x150 - 2021

 

 

 

Peinture No 215 – Requiem pro perditis animis (Requiem pour les âmes perdues)

Hommage à l’œuvre musicale éponyme de Benjamin Garzia

Acrylique, pigments, terre, métal, tissus, feuilles d’or 22 carats, feuilles d’or blanc sur toile.

150×150 cm – 2021

 

 

Cette œuvre, réalisée en mai/juin 2021, est un écho pictural à l’œuvre musicale de Benjamin Garzia, Requiem pour les âmes perdues.

C’est un hommage à un compositeur, chef d’orchestre d’aujourd’hui, dont l’œuvre m’interpelle ; touché par son univers je reste attentif à ses recherches.

Benjamin Garzia devait donner la création mondiale de son Requiem au mois d’octobre 2020. Les contraintes sanitaires dues à la pandémie eurent raison de ce projet.

Je voulais attendre la prochaine date de création pour aborder la réflexion sur la mise en œuvre d’un tableau sur ce Requiem. Le temps et les mois passant, le sentiment d’urgence eut raison de ma patience pour la réalisation de celui-ci. Cela peut paraître à la fois étrange et curieux de faire un tableau sur une musique que l’on n’a jamais entendue, mais c’est faire abstraction des liens invisibles qui unissent parfois les artistes, des énergies, des vibrations qui structure leur pensée. Connaissant déjà plusieurs œuvres musicales de Benjamin Garzia, ayant lu son livre sur Gustav Mahler, L’ayant rencontré, même si ce n’est que brièvement, notre passion commune pour ce même Gustav Mahler, tout ceci a forgé l’idée que je pouvais avoir de la personne et de celle de son œuvre à venir. Benjamin Garzia est un compositeur et chef d’orchestre exigent, précis, méticuleux, plein de convictions, sans jamais se départir de sa gentillesse et de son humanité pilier essentiel de son travail.

Après avoir réfléchi pendant quelques mois au tableau que je voulais réaliser en résonance avec le Requiem de Benjamin Garzia, encore inconnu pour moi je le rappelle, je me mis au travail pendant deux mois, parsemé de doutes, de tâtonnements, de remises en question dans une implication totale à la fois intellectuelle que spirituelle …. L’œuvre terminée je vais, pour sa compréhension, en expliquer le contenu.

C’est donc un Requiem, une messe des morts, une messe pour le repos des morts. Ici il s’agit d’une messe des morts pour les âmes perdues ; nous sommes donc loin du Requiem apaisé de Gabriel Fauré, Requiem dont j’ai déjà fait sept tableaux sur les sept séquences composées. Les âmes perdues ont elles un caractère rédhibitoire ? Pourquoi sont-elles perdues ? Quels chemins, qu’elles trajectoires, quelles circonstances ont menées ces âmes à la perdition ? Méritent-elles l’enfer comme l’assigne la religion ? N’ont-elles plus l’espoir d’accéder au repos éternel (Requiem aeternam) ?

Dans mon tableau une masse sombre en terre barre l’espace, de forme anthropomorphique elle suggère à la fois l’apparition (la naissance) et la disparition (la mort). La terre est le symbole de ce qui donne la vie et recueille la mort. J’avais déjà utilisé cette matière pour le requiem de Fauré.

Les éléments métalliques en zigzag évoquent le chemin tortueux, accidenté, incertain, labyrinthique même, le chemin difficile peuplé d’embuche et d’erreur. Ces éléments métalliques sont d’autant plus signifiants qu’ils sont les restes d’un véhicule accidenté récupérés au bord d’une route.

Le voile dans la partie supérieure du tableau masquant une improbable tête suggérée, linceul d’ensevelissement, fait échos aux voiles dogmatiques religieux, dépersonnalisation, anéantissement de l’individu.

Le fond, doré à la feuille, donne à ce tableau un double paradigme, à la fois contemporain, à la fois baroque. Ce fond évoque aussi une résonance avec les icônes byzantines ainsi que certains tableaux religieux de la renaissance établissant un pont avec une spiritualité contemporaine. Ce fond doré donne ainsi une lumière d’espérance, une possible paix à ces âmes perdues.

Mon but n’est pas ici, encore une fois, de décrire une quelconque émanation religieuse mais de me servir du support de ce requiem comme l’exclamation d’une spiritualité universelle, libre et contemporaine.

Trois croix en diagonale soulignent le tableau ; une noire dans la partie basse sur les éléments métalliques, intensifie la dureté du propos. Une jaune, plus haut, signe d’espérance, de rédemption, de lumière à venir. Une autre plus importante, blanche, en feuille d’or blanc, évoquant la lumière éternelle, l’ultime accomplissement, la spiritualité pleinement révélée. La forme « plus » de cette croix en renforce le sens. Chaque croix étant de forme et de position différente elles peuvent être au gré de chacun considérées comme un signe religieux ou un signifiant (signe plus ou x par exemple).

A chacun désormais de laisser vivre son propre ressenti face à cette œuvre évoquant ce moment ultime de notre existence.

Merci à Benjamin Garzia d’avoir initié, sans le vouloir, la réalisation de celle-ci.

 

Daniel Despothuis ….. juin 2021